En tant que DG, dès l’instant où nous avons des filiales à l’étranger et que nous sommes donc partie prenante de cette mondialisation, il est normal d’être dans le métissage.
Naturellement, nous devons comprendre les différentes cultures que ce soit au Brésil, en Chine, aux États-Unis, en France ou en Angleterre. L’enjeu d’une entreprise c’est son projet collectif donc le métissage est toujours un avantage dès l’instant où il y a un socle de valeurs partagées, l’envie de relever les mêmes défis, de travailler en équipe. C’est capital de faire adhérer des cultures différentes à un projet commun. La richesse de la diversité se perçoit dans des groupes hétéroclites capables de s’organiser dans un écosystème au service d’un projet. Ce sont des façons de penser, des points de vue variés, des approches sur les problèmes en fonction des parcours qui nous permettent d’être plus innovants, plus créatifs, de challenger les idées et d’avancer afin de sortir d’une pensée unique. Ce qui nous réunit c’est la vision, le niveau d’éthique, un sens des responsabilités et du partage, au-delà des nationalités et des cultures.
THIERRY BLANDINIÈRES DIRECTEUR GÉNÉRAL DE INVIVO
“Un étranger, c’est quelqu’un qui n’a pas vraiment un endroit qui lui est propre. Je ne me sens pas française, parce que je ne suis pas française. Mais au Chili, je ne me sens pas chilienne non plus.
Je n’ai pas vraiment d’attachement à un endroit fixe. Parfois, je me sens même étrangère au Chili.
Quelquefois c’est bien d’être étranger. Tu sais que tu es différent des autres, ça te donne plus de liberté pour faire les choses. Mais quelques fois, c’est très dur. Je suis venue seule, vraiment seule, sans ami, sans famille, sans rien. C’est la partie la plus compliquée : si tu as un souci, n’importe quoi qui t’arrive, tu dois te débrouiller seule, à 100 %, tout le temps.
Si tu es européen, c’est différent : le passeport européen te protège beaucoup. Et si tu as un souci, n’importe lequel, tu peux retourner très rapidement dans ton pays. Mais quand tu viens d’un autre continent comme moi, avec 17 h d’avion pour rentrer et des billets qui coûtent très cher, tu n’as pas cette flexibilité. Tu dois accepter
d’être complètement seule.
Pour les choses plus administratives aussi, c’est plus compliqué : la carte de séjour, la recherche d’un appartement… tu dois te justifier comme si tu devais vraiment mériter d’être ici. Même si tu as fait des études, même si tu paies tes impôts… Apparemment ça ne suffit pas !
Professionnellement, j’ai plus d’opportunités en France qu’au Chili.
Là où je travaille actuellement, je suis très autonome dans mon travail. Ils ont suffisamment confiance en moi pour que je le fasse seule. Je voulais aussi faire un Master que je viens de finir en Innovation et Design, à l’ENSCI, l‘École Nationale supérieure de création industrielle de Paris. En Europe, et en France surtout, il y a une approche du design qui n’existe pas au Chili, qui tend vers des choses plus artistiques. Je voulais aller de ce côté-là, vers la créativité, l’innovation, laisser la place à ma sensibilité.
Ce qui m’a le plus étonnée à mon arrivée en France ? L’humour des français ! (Rires). C’est très sarcastique. Il faut vraiment être habitué, comprendre le sarcasme pour pas le prendre de façon négative ou méchante. Les gens te taquinent, mais c’est une blague !
Trois mots pour définir le mot Étranger : créativité (il faut toujours trouver de nouveaux chemins), solitude, unique.”
CATALINA FUENZALIDA
29 ANS, PAYS D’ORIGINE : CHILI
INGÉNIEUR CIVIL ET INDUSTRIEL CHEZ INVIVO
ARRIVÉE EN FRANCE 2017