Maman a 50% de sang anglais et japonais. “Mais ce n’est pas pareil” disait papa.
Une de mes grandes amies à la Fac était Marie-Hélène, Camerounaise, que papa aimait beaucoup.
Elle a fêté certains Noël avec nous… “Mais ce n’est pas pareil”. Il allait souvent chez Saad, notre épicier algérien du quartier, plus pour aller le saluer et discuter que pour faire des courses. “Mais ce n’est pas pareil”. Enfin il soignait des personnes gratuitement, notamment des trangers. “Mais ce n’est pas pareil”.
Je crois que papa avait peur de ce, et ceux, qu’il ne connaissait pas. Car dans la réalité, il était généreux, accueillant ; et probablement bien plus humaniste qu’il ne le pensait.
Car il m’a appris avant toute chose le respect des autres.
Et de la différence.
Et j’ai grandi.
J’ai voyagé, rencontré, suis tombée amoureuse et en amitié d’une multitude d’étrangers.
Chef d’entreprise, je suis actuellement accompagnée d’une très belle équipe de 8 salariés et 2 free lance.
Quand Géraldine m’a demandé pour son projet si j’avais embauché des étrangers, j’ai fait le compte. 1 sur 2 !
Je ne m’en étais pas rendu compte. Chez bilum, nous avons Klaudia, hongroise, Eloise, anglaise, Barbara, portugaise, Tibi, roumain, José, congolais. Et bien sûr parmi les autres - moi comprise - un doux mélange avec un peu de sang d’ailleurs.
Cet ailleurs est une fenêtre ouverte sur le monde, notamment lors des déjeuners tous ensemble, où l’on partage sur tous sujets hormis celui du travail.
En fait, lors des recrutements, la question de l’étranger ne s’est jamais posée. HÉLÈNE DE LA MOUREYRE FONDATRICE DE BILUM
“L’étranger, c’est quelqu’un qui cherche l’aventure. C’est une personne avec une ouverture d’esprit, prête à découvrir d’autres cultures.
C’est également quelqu’un qui vit dans un pays qu’il ne connaît pas, et dont il ne va pas forcément parler la langue.
La première année, quand je suis arrivée à Paris, j’étais fille au pair. Je faisais la touriste, pas de stress, pas de responsabilité… la belle vie !
J’avais de quoi manger et un toit sur la tête. C’était un peu les vacances et en même temps j’apprenais le français. À la fin de l’année, j’ai été prise
à la Sorbonne Nouvelle pour faire mes études et j’ai décidé de rester en France. Là, il a fallu trouver un appartement. Je n’avais pas encore
de travail, je n’avais pas de garants en France : je me suis pris une claque que je n’avais pas vu venir !
Quand tu es étranger, les gens ne te font pas confiance. Ça a été très difficile, j’ai très mal vécu ça. Quand j’étais au pair, je me disais “les gens sont sympas, ils sont accueillants”, mais je ne voyais pas la vraie vie.
Dans mon emploi d’il y a 3 ans, je ressentais très fort dans mon quotidien que j’étais étrangère. Même si mon travail était bien fait, je restais une
étrangère. Mais cela dépend vraiment de l’environnement, de l’entreprise.
Aujourd’hui chez bilum, ça se passe super bien. C’est une équipe très soudée, très accueillante avec des personnes ouvertes d’esprit. Je suis directrice commerciale. bilum, c’est une manufacture d’upcycling.
On recycle les matières qui sont destinées à la destruction. On essaye de changer les mentalités, de montrer aux gens qu’on peut éviter les effets néfastes des Hommes sur la planète et que d’autres solutions existent.
Faire cela en France, ça ouvre des portes, on a plus d’impact. Ici, on encourage ce type d’activités, le recyclage, la réutilisation… Cela permet aux petites entreprises de se lancer et de créer de belles choses.
Ce qui m’a le plus étonnée à mon arrivée en France ? Le prix de la crêpe ! Quand j’étais au pair, je visitais le quartier Notre-Dame avec une copine.
On s’est arrêté prendre une crêpe au Nutella. Elle coûtait 5,5€ !!!! (rires).
J’ai converti en Forint (Monnaie hongroise) et je me suis dit “ce n’est pas possible !!! Je ne vais jamais m’en sortir !” (Rires)
Trois mots pour définir le mot Étranger : opportunité, ouverture,
débrouillard.”
KLAUDIA VIZI
27 ANS, PAYS D’ORIGINE : HONGRIE
DIRECTRICE COMMERCIALE CHEZ BILUM
ARRIVÉE EN FRANCE EN 2014
Mon père était raciste. Du moins c’est