Youssouf Conde

Je suis d’origine indienne donc nous pouvons dire que je suis arrivé en France en tant qu’étranger. Le mot me renvoie à mon enfance, avant que j’obtienne la nationalité française. Cela me fait penser à la lenteur de ce processus, celui d’être naturalisé et cela fait écho à ce que traverse Youssouf, qui travaille avec moi et que Géraldine a photographié. Je l’accompagne dans ses démarches administratives comme je peux et c’est une façon pour moi de donner ce que j’ai reçu. Puisque je suis en position de pouvoir aider, je le fais. Si on peut rendre un service à quelqu’un qui en a besoin, il faut se saisir de l’occasion, c’est la base des notions d’accueil et de solidarité à mon sens. Nous soutenons nos employés à 100 % dans ce qu’ils ont envie de faire et de réaliser, s’il y a besoin d’entraide nous serons là. Nous travaillons tous ensemble en équipe et pour que tout fonctionne il faut qu’on puisse se parler, qu’il y ait une cohésion sincère. J’ai la chance de collaborer avec des personnes extrêmement compétentes, impliquées et solidaires, c’est l’idéal de ce qu’une société devrait être. Dans cette configuration, tout le monde est gagnant. Quiconque s’arrête à l’idée d’étranger et se focalise sur les différences selon moi perd quelque chose : des opportunités humaines et professionnelles de lien, de connaissances, de partage, d’échange ! VIJAY LE MERRE GÉRANT DE LA TABLE DE MARIE

Géraldine Aresteanu a rencontré Youssouf il y a trois ans, dans le cadre de son projet “Stop Kidding” sur les migrants mineurs isolés. À l’époque, Youssouf rêvait de devenir pâtissier. Aujourd’hui, il est cuisinier en CDI à La Table de Marie.

“Si on voyage pas, on peut pas connaître les choses. Si j’étais resté chez moi, je connaîtrais rien de ce qui se passe ici en France.
Oui, être étranger, je crois que c’est bien ! L’étranger, il connaît beaucoup de choses.
Dans ma langue, le malinké, l’étranger on dit “Lolin”. C’est pas un mot méchant, c’est pas un mot violent… c’est pas grave.
J’aimerais vivre ici. J’aimerais avoir la nationalité française, car ça montre qu’on est bien intégré. Être intégré ça montre qu’on est quelqu’un de bien, qu’on est pas ici pour faire des bêtises :
c’est ça l’intégration ! On est ici pour faire du bien, pour montrer aux gens qu’on est tous pareils.
Ce qui m’a le plus étonné à mon arrivée en France ? Les PAPIERS !
Ici tout est papier : à gauche, à droite, en haut, en bas, devant, derrière, c’est PAPIER ! C’est ça la grande différence entre la France et la Guinée, l’Europe et l’Afrique. Si t’as pas de papiers, t’es rien !
Trois mots pour définir le mot Étranger : être humain, citoyen du monde, partage.”

YOUSSOUF CONDE
21 ANS, PAYS D’ORIGINE : GUINÉE
CUISINIER CHEZ LA TABLE DE MARIE
ARRIVÉ EN FRANCE EN 2017