Aboubacar Camara

Aujourd’hui en France certains postes peinent à être occupés, particulièrement dans une entreprise comme la mienne, où sont requis des travaux physiques. Ce projet est pour moi l’occasion de souligner à quel point il est nécessaire de reconnaître que nous avons besoin de ceux et celles que nous considérons comme étranger·e·s. Ces travailleur·euse·s représentent la main-d’oeuvre qui permet aux entreprises de fonctionner.
Je tiens une petite entreprise familiale et au sein de notre équipe il y a quatre employés d’origine malienne : sans eux, mon entreprise ne saurait fonctionner parce qu’ils sont les seuls ayant accepté ces postes de manoeuvre complexe. Pour moi, il est très important d’avoir conscience de cela et de soutenir ces personnes afin qu’elles puissent exercer un métier en France en tant que Français si c’est leur désir. Aboubakar, mon chef d’équipe, est une personne avec qui j’ai noué des liens bien plus solides que seulement des liens professionnels. Que ce soit pour lui ou les autres membres de mon équipe, j’aimerais que la présence d’étrangers en France ne soit pas autant empêchée. Chaque fois que je le peux, j’aide à mon échelle mes employés pour leurs demandes administratives et il n’est pas possible d’ignorer à quel point c’est un parcours du combattant. Ces personnes sont présentes sur le territoire, veulent travailler et construire une vie en France et de notre côté nous avons besoin de main-d’oeuvre pour maintenir les entreprises en bon fonctionnement : j’aimerais sincèrement que les cadres administratifs liés aux statuts de ces travailleurs soient simplifiés afin d’amener une fluidité indispensable à leur intégration et à l’économie. Si nous avons besoin d’eux pour faire tourner l’économie, nous devons être solidaires et faciliter leur accueil. CHRISTOPHE COLL GÉRANT DE FER 75 DECONSTRUCTION

“L’étranger, c’est celui qui vient d’arriver, qui ne connaît rien du tout.
Je n’avais jamais travaillé dans le bâtiment. J’ai tout appris ici (la disqueuse, la scie sabre…), j’ai tout appris en France. Depuis que je suis entré dans cette entreprise FER 75, j’ai vraiment beaucoup appris. J’ai passé mon CACES.
L’étranger, c’est celui qui vient d’ailleurs.
On vient ici pour le travail, pour trouver de l’argent, pour avoir une belle vie ! En France, si t’as pas de travail, c’est très compliqué.
Mais si quelqu’un est motivé, il peut travailler, peu importe le travail.
Au début quand j’ai commencé à bosser, c’était difficile : j’étais intérimaire dans la construction. J’étais en CDD, je travaillais deux, trois jours et après je changeais de société. Maintenant, ça fait 4 ans que je suis dans cette entreprise. Ils sont super gentils.
J’ai ma famille ici. Ils sont tout pour moi. Sans ma famille, sans mes amis, ça aurait été très dur. J’ai rencontré beaucoup de personnes très gentilles.
En Mauritanie, il y a plusieurs langues : le soninké, le wolof, l’hassanya, le bambara, le français, le peul… Moi, je parle le soninké, le bambara, l’hassanya, l’espagnol et le français. J’étais à l’école coranique : on apprenait le soninké, l’arabe et le français.
Ce qui m’a le plus étonné à mon arrivée ? Le matin, quand je me réveille, les jours où il fait très très froid, je me dis “Mais qu’est-ce que tu fais en France ?”. En Mauritanie, il fait chaud, il fait bon.
J’ai jamais eu aussi froid qu’ici ! Souvent ça m’étonne les gens qui dorment dans la rue : ils viennent de l’étranger, ils viennent d’autres pays et ils dorment dehors. Vraiment ça m’étonne. C’est un truc de ouf ! En Mauritanie, j’avais jamais vu des gens dormir dehors !


Trois mots pour définir le mot Étranger : travail, famille, compliqué”

ABOUBACAR CAMARA
28 ANS, PAYS D’ORIGINE : MAURITANIE
DÉMOLISSEUR CHEZ FER 75 DÉCONSTRUCTION
ARRIVÉ EN FRANCE EN 2018